
Olivier Audouin, Président du Hub Digital Infrastructure & IoT répond à 3 questions sur le déploiement de la 5G.
1- Etat de l’art du déploiement de la 5G en janvier 2021
Suite à l’attribution des fréquences aux 4 opérateurs français, les déploiements des sites 5G commerciaux ont débuté fin d’année dernière et s’étendent progressivement. L’Arcep publie un observatoire permettant de visualiser l’évolution de la couverture 5G des 4 opérateurs. Il est important de comprendre que le standard évolue en des versions successives, et que par conséquent les fonctionnalités de la 5G vont s’enrichir au cours du temps. La 5G déployée initialement correspond à la « release 15 » du standard finalisée en 2018, qui est focalisée sur le cas d’usage du très haut débit mobile. La « release 16 » a été publiée en 2020 avec un focus particulier sur les communications critiques à très faible latence et très haute fiabilité. La release 17 (prévue sur 2021-2022) ajoutera en particulier de nouvelles fonctionnalités dédiées aux «verticaux». Dans le cadre du Comité Stratégique de Filière Infrastructures Numériques, un réseau de plateformes pilotes 5G pour accélérer le développement de différents usages verticaux innovants se met en place. Systematic y a initié la proposition 5G OpenRoad qui vise prioritairement la mobilité.
2- La 5G et son impact sur les infrastructures industrielles
La 5G va offrir des latences à la ms et des fiabilités à 99.999% («URLLC-Ultra Reliable Low Latency Communications»). Elle permettra ainsi des applications critiques avec des contraintes temps réel fortes dans le domaine industriel, tout en offrant la flexibilité et l’évolutivité du sans-fil par rapport à de la connectivité câblée. Des applications tirant partie de ces performances vont se développer, comme l’orchestration de robots dans une usine, un entrepôt, l’automatisation et la surveillance des sites, l’utilisation de la réalité augmentée , de jumeaux numériques pour optimiser la production et la logistique. La 5G permet également l’IoT massif (« MTC -massive Machine type of Communications ») qui apportera des améliorations dans le domaine du monitoring, de la logistique, de la traçabilité, de la chaine d’approvisionnement, de la maintenance. Ces optimisations se traduiront en gain de productivité, en réduction de consommation énergétique, en amélioration de la sécurité. Ces solutions pourront utiliser une 5G privée sur les sites industriels et faire également appel à la technologie du « slicing » qui permettra de constituer à la demande et sur mesure des « tranches » de réseaux dédiés à une application industrielle, avec de fortes garanties de performance et de sécurité, tout en utilisant l’infrastructure réseau partagée des opérateurs.
et 3- La 5G et le développement durable
Cette question recouvre plusieurs aspects. Le premier auquel on pense est bien sûr la consommation énergétique des réseaux 5G. La 5G est la première génération à placer la problématique de l’efficacité énergétique au cœur des objectifs du nouveau standard. Un ensemble de techniques a été prévu dans les protocoles pour plus de sobriété énergétique. A cela s’ajoutent des optimisations d’équipements et de mises en œuvre, telles que la compacité des antennes, ou l’automatisation et l’utilisation de l’intelligence artificielle pour réduire la consommation des serveurs. Différentes études montrent que à horizon 2030, une amélioration d’un facteur 20 à 100 de l’efficacité énergétique des réseaux 5G comparativement à la 4G pourra être atteinte. On ne peut que recommander la lecture du papier Systematic sur ce sujet. Par ailleurs, il faut aussi considérer l’impact environnemental positif de la 5G via les optimisations qu’elles rendra possible dans de nombreux secteurs : l’industrie comme évoqué à la question précédente, la mobilité intelligente à l’aide de véhicules connectés qui permettra de fluidifier le trafic, de réduire les bouchons, de développer des modes de transports plus partagés, l’optimisation de la production et de la distribution de l’énergie (smart grid) …