Reposer les termes du débat sur la 5G devient vraiment urgent si la France veut rester dans la course internationale et relever les défis industriels, climatiques, énergétiques et environnementaux.
Le débat sur la 5G s’est mal engagé dès le début : écologistes et politiques ont monopolisé le débat en lui donnant une tournure engagée et partisane, voire passionnelle, et souvent irrationnelle. Finalement peu de chercheurs et experts des Deep Tech s’expriment ou sont entendus. Conséquence : la lecture et l’analyse du sujet restent encore trop souvent réduites au seul aspect « usage grand public », avec en premier lieu, la question très médiatisée des antennes relais.
Beaucoup (trop) d’idées reçues continuent de circuler, amplifiées par les réseaux sociaux et trop souvent défendues par posture ou par ignorance. Et finalement le grand public n’a pas la connaissance de ce qu’est la 5G.
Or l’enjeu de la 5G est bien plus stratégique que ne le laisser penser le traitement actuel de la question.
Avec la digitalisation des économies, des industries et des sociétés, accélérée par le contexte de la Covid, la 5G constitue une composante majeure de la transformation des industries et des services qui est en train d’émerger. Elle va aussi déterminer les rapports de force économiques et géopolitiques internationaux. Enfin, bien loin d’être la cause de dégâts climatiques et sanitaires, elle apporte surtout des réponses et solutions aux défis climatiques et environnementaux, et en premier lieu à celui de réduire et maîtriser la consommation d’énergie.
Si on écoute les chercheurs et experts des télécommunications et des Deep Tech, il y a plusieurs raisons d’être convaincu que les bénéfices de la 5G dépasseront largement ses désagréments.
En termes sanitaires…
Les premières fréquences utilisées seront similaires à celles de la 4G. Et pour l’heure, aucune agence sanitaire dans le monde n’a pu prouver d’incidence avérée des ondes sur la santé humaine. De surcroît, le système privilégié étudie un mode d’émission des ondes moins diffus.
En termes de consommation énergétique, trois points démontrent qu’on lui fait actuellement un mauvais procès.
Tout d’abord parce qu’à débit et volume de données échangées comparables, la 5G consomme moins d’énergie.
Ensuite parce que les travaux sur la 5G incluent nativement les exigences énergétiques et visent à définir un standard moins gourmand en énergie.
Enfin, parce que pour mettre au point des services moins énergétivores, il faut mesurer et suivre leur consommation au travers d’indicateurs : c’est justement ce que la 5G va permettre de faire ; i.e. déployer des système intelligents, réactifs (et non statiques), apprenants qui seront le cœur des solutions de demain sur l’énergie, la mobilité, la ville et bien sur l’industrie.
En termes de développement économique…
La 5G est essentielle pour faire fonctionner les industries et services à l’ère du digital qui caractérise le XXIème siècle. En la matière, les acteurs des télécommunications ont toujours montré leur capacité collective à mettre au point des standards et technologies agnostiques et déployables à l’échelle mondiale. Leur engagement avec la 5G est de mettre au point une plateforme de communication interopérable pour toutes les entreprises de tous les continents. C’est pourquoi les pays qui brideront le déploiement de la 5G affecteront lourdement leur attractivité industrielle, à l’opposé les pays leaders sur la 5G qui sont en train de prendre un nouveau leadership.
Si les nouvelles technologies font parfois peur, de par leur nouveauté, elles apportent souvent des solutions pérennes aux défis contemporains et permettent d’aller de l’avant. Mais elles doivent aussi bénéficier du débat public pour corriger parfois certains défauts et permettre l’appropriation.
Il faut, pour cela, que ce débat soit nourri de toutes les informations, apaisé et constructif, ce qu’il n’est pas aujourd’hui.
Pour toute ces raisons, la 5G mérite un autre débat !