Lors de la convention annuelle de Systematic, le 23 novembre dernier, Paul Labrogère, Directeur Général de l’IRT SystemX, est revenu pour nous sur ces 10 années de succès et a partagé sa vision de l’avenir.
Systematic : Quand vous pensez à ces 10 années, qu’est-ce qui vous vient en premier à l’esprit ?
Paul Labrogère : Que c’est un long et beau chemin parcouru, mais que la réussite de l’IRT SystemX n’était pas forcément gagnée d’avance ! Si la vision était très claire, la route à suivre n’était pas forcément une évidence.
En tant qu’entité hybride, pas tout à fait académique, pas tout à fait industrielle, nous devions faire nos preuves auprès de tous les acteurs de l’écosystème et être rapidement capables de dépasser le clivage parfois existant entre le monde académique et celui de l’entreprise. Ce qui a fait notre force, c’est de pouvoir nous appuyer sur Systematic, sur les nombreux acteurs de l’écosystème et sur cette vision claire qui nous guidait. Cela nous a permis de créer ce creuset technologique et de constituer des plateformes pour l’innovation ouverte sur le numérique et les systèmes complexes. Ces plateformes ont été constituées à partir de très nombreux cas d’usages issus du monde industriel.
J’en profite pour remercier quelques visionnaires comme Dominique Vernay et Alain Bravo, très engagés dans le pôle Systematic il y a quelques années et qui ont semé les germes de ce qui allait devenir un peu plus tard l’Université Paris Saclay. J’aimerais aussi rendre hommage aux grands industriels sans lesquels l’IRT SystemX n’aurait jamais pu exister, et qui ont eu l’audace de nous faire confiance il y a 10 ans, comme Renault, Alstom, Safran, Airbus, Valeo, EDF, Naval Group, SNCF, Thales, Air Liquide, pour n’en citer que quelques-uns. On travaille toujours ensemble après 10 ans, et c’est une très grande source de satisfaction.
S : Quels sont les résultats dont vous êtes le plus fier ?
PL : Nos résultats les plus emblématiques reposent tous sur nos plateformes. Depuis 10 ans, nous développons une stratégie de création de valeur, qui est résolument orientée plateformes. C’est le résultat d’un investissement collectif dans la production d’environnements technologiques à l’état de l’art. Cette stratégie porte aujourd’hui ses fruits. Nos résultats scientifiques et technologiques s’accélèrent !
Sur les 3 derniers mois, par exemple, je peux citer :
- la publication d’un papier dans la prestigieuse conférence NEURIPS de résultats sur un cas d’usage industriel avec RTE sur une nouvelle plateforme de benchmarking autour de l’apprentissage et de la simulation.
- début septembre, l’annonce de la réglementation sur le véhicule automatisé est tombée : c’est un sujet auquel les équipes de l’IRT SystemX ont beaucoup contribué, en particulier avec une plateforme autour de la validation des systèmes de conduite.
- et puis, j’aimerais mentionner aussi l’entrée en bourse de Eniblock, qui est notre premier essaimage et avec lequel nous sommes très fiers de continuer à travailler sur notre plateforme dédiée à la blockchain.
Nous pouvons aussi revendiquer un excellent taux de succès cette année, d’environ 30%, sur les appels à projets européens. Ce qui se cache derrière ce chiffre, c’est la pertinence de nos plateformes, en particulier sur les sujets de mobilité et de cybersécurité.
S : De quelle manière se dessine l’avenir de l’IRT SystemX ?
PL : La stratégie 2030 de l’IRT SystemX s’articule autour de 3 grands axes : l’ingénierie augmentée et l’IA de confiance, la cybersécurité et le jumeau numérique industriel. Nous adresserons également un grand défi transverse qui vise à construire une ingénierie numérique durable.
Pour atteindre ses objectifs, l’IRT SystemX a un « plus » qui fait toute la différence. Il s’agit de notre capacité à constituer des équipes qui vont regrouper à la fois des passionnés du numérique et des chercheurs. Aujourd’hui, nous comptons 150 collaborateurs en propre et il y a à peu près autant de personnes mises à disposition, cela fait donc plus de 300 personnes qui collaborent sur nos projets. On a une palette de compétences qui nous permet d’avoir une approche système sur tous les enjeux de modélisation, de simulation et d’aide à la décision que nous soumettent nos partenaires industriels au travers de leurs cas d’usages.
Notre « secret sauce », c’est enfin une grande exigence permanente et notre capacité à remettre en cause la pertinence des travaux menés, et donc de toujours garder une part de réflexion face à l’inconnu. C’est absolument essentiel.
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