[Retour sur] FOODCHAIN, nourrir un avenir meilleur

[Retour sur] FOODCHAIN, nourrir un avenir meilleur

« FOODCHAIN, NOURRIR UN AVENIR MEILLEUR » était le premier évènement destiné à fédérer l’écosystème Systematic sur le sujet des Deep Tech au service de la foodchain. Retrouvez ici l’essentiel des débats.

L’objectif de cet événement Systematic, au travers de deux tables rondes et de 2 présentations de projets, était de poser les enjeux de la transformation numérique de la foodchain dans sa globalité, de faire le point sur les technologies existantes et émergentes, sur les solutions attendues en priorité et enfin sur les impacts sociétaux de plus en plus importants qui sont y liées, en termes de santé et de bien-être notamment.

Nous vous proposons de revenir sur l’événement « FOODCHAIN, NOURRIR UN AVENIR MEILLEUR »

1- TABLE RONDE « Agriculture connectée : défis & enjeux »

INRAE, Véronique Bellon, Coordinatrice d’Occitanum, Directrice de l’Institut Convergences Agriculture Numérique #DigitAg

Le numérique offre plusieurs avantages :

  • Il réduit la quantité d’intrants (moins de consommation d’eau, de pesticides etc.)
  • Il emploie de plus petites machines
  • Il utilise des technologies pour réaliser du phénotypage rapide
  • On s’intéresse de plus en plus à la chaîne de valeur

Toutefois il présente aussi des limites :

  • La technologie ne fait pas tout
  • Qu’en sera-t-il de l’agriculture numérique demain (déshumanisation de l’agriculture ? Rejets par la société ?)

Un exemple concret de l’application du numérique dans l’agriculture est celui de l’agriculture de précision. Cette approche apparue il y a une quarantaine d’années permet de réaliser beaucoup d’économies. Grâce à des capteurs, nous pouvons aujourd’hui enregistrer les meilleurs pratiques.

Selon Véronique Bellon, deux éléments sont aujourd’hui essentiels :

  • Il est important de laisser la capacité de réflexion, de décision et d’interprétation propre aux agriculteurs
  • Le secteur agro-alimentaire doit apprendre à communiquer aux consommateurs sur ce qu’il fait de mieux. Ces derniers ne connaissent que l’agriculture bio et l’agriculture « sans ».

Limagrain, Noémie Jonnez, Responsable Pôle Développement de l’Innovation

Aujourd’hui, Limagrain s’intéresse à 2 sujets en particulier :

  • Les agriculteurs : Limagrain est un membre fondateur de l’association Laboratoire Innovation Territoriale qui travaille avec et pour les agriculteurs. Cela fait par la mise en place de journées d’innovations et d’échanges afin de déterminer leurs besoins et leurs problématiques

Ces rencontres permettent de réaliser un sourcing des start-up et des connexions entre agriculteurs et start-up. Ainsi, les agriculteurs peuvent se renseigner sur les technologies disponibles sur le marché et juger de leur adéquation avec leurs besoins.

  • Les particuliers : l’activité de Limagrain va au-delà des semences potagères présentées précédemment. Elle propose aussi de mettre en place des capteurs pour apprendre aux jeunes jardiniers comment s’occuper de leurs jardins. Cela permettra de répondre aux besoin : « je veux jardiner mais je ne sais pas comment le faire »

Selon Noémie Jonnez, toute innovation doit être en relation directe avec les agriculteurs. « C’est fondamental ! » D’où l’intérêt des Living Lab comme celui que possède Limagrain.

Bilberry, Hugo Serrat, Head of Research and infrastructure

Bilberry est une start-up qui a mis au point un algorithme permettant la reconnaissance en temps réel de plantes, notamment celle des mauvaises herbes dans les productions agricoles. Grâce à cet algorithme et de caméras embarquées sur les pulvérisateurs, les machines n’ouvrent que les buses concernées et ne pulvérisent les intrants que sur les plantes qui en ont besoin.

Ce procédé utilise la technologie PWM (Pulse Width Modulation, pour modulation de largeur d’impulsion).

Différentes applications de la technologie de Bilberry : sur le rumex, le dicotylédone dans le blé. Il vise toutes les applications « faciles » notamment visuelle : la repousse de tournesol dans le blé, le traitement localisé des ronds de charbon

Le modèle présenté par Hugo Serrat offre de nombreux avantages : une économie des intrants (réduction d’eau et de pesticides), une plus grande efficacité des produits utilisés, la réduction de l’impact sur les cultures et l’environnement, et enfin, l’utilisation d’une IA permet de récupérer des données pour améliorer le système.

En plus de cela, il permet de régler la problématique des fonds de cuves en utilisant des injections directes (juste une cuve de produit et une cuve d’eau).

Toutefois, cette technologie présente certaines limites : elle n’est disponible qu’en première monte et n’est pas disponible en France, ce qui s’explique par la taille, trop petite, des cultures françaises.

Precifield, Alexandre Weil, Cofounder

L’agriculture de précision n’est pas un concept nouveau. A ce jour, l’acquisition des images ne se fait que par des drones, ce qui peut être intéressant uniquement si on sait utiliser ces données.

Or, on ne s’intéresse pas aux sols, à leurs textures, aux matières organiques présentes ou à leur acidité.

La vraie valeur pour l’agriculture est donc le regroupement de plusieurs données : map de sol, rendement, et matières organiques

Precifield propose une plateforme qui permet de visualiser ces cartes, d’exploiter et de valoriser les données extraites et de prendre des décisions. Couplé à cela, nous trouvons un module de conseil automatisé et semi-automatisé pour répondre à des besoins réels exprimés par les agriculteurs.

Alexandre Weil explique qu’il ne s’agit que d’outils d’aide à la décision et à l’interprétation auprès des agriculteurs. Ce sont des systèmes extra complexes, permettant des échanges avec les humains. En effet, un système complètement automatisé ne serait pas vraiment une solution

Malheureusement, il se pose à chaque fois la question de l’adoption/acceptation par la société. A chaque innovation, des avis négatifs sont émis. Selon Alexandre Weil, les filières agricoles doivent passer très vite en communication positive.

2- Présentation de l’Alliance HARVEST

AgroParisTech, Chantal Monvois, Directrice des partenariats et déléguée générale de la Fondation

L’Alliance HARVEST est une alliance de partenaires complémentaires.

Les missions de cette alliance sont :

  • Faire en sorte que le numérique soit source de progrès
  • Mieux respecter l’environnement
  • Mieux nourrir
  • Améliorer/protéger la santé de la planète et exprimer le rendement des productions
  • Rétablir la transparence et la confiance dans toute la chaine de valeur pour avoir une traçabilité de l’agriculteur aux consommateurs finales
  • Traduire au mieux les données du terrain pour améliorer l’utilisation des produits (eau, etc…)

Pour atteindre ces objectifs, il faut fédérer les écosystèmes agricoles afin de mettre autour de la table de nombreuses compétences. Les industriels sont d’ailleurs au cœur de l’alliance tout comme des acteurs tels que AgroParisTech, IRT SystemX, Terres Inovia.

L’Alliance HARVEST met en place plusieurs activités tels que des expérimentations, de la R&D et des formations pour préparer la génération de demain.  L’Alliance offre également des formations pour tous les acteurs du numérique et de la robotique pour qu’ils s’intéressent aux domaines agricole. Elle garde toutefois à l’esprit que le numérique est au service de l’agriculture et non l’inverse.

L’Alliance accueille tous ceux qui pense que leur « partie du puzzle » peut être utile à l’ensemble

C’est votre cas ? Contactez Chantal Monvois : chantal.monvois@agroparistech.fr

3- TABLE RONDE « Impacts de la foodchain sur la santé »

Goodmix, Thierry Danois, CEO

Thierry Danois a fait un constat : 50% des adultes ont des maladies chroniques dans le monde. En Occident, il s’agit d’une personne sur 6.

Selon Thierry Danois, 80% des maladies cardio vasculaire et 40% des cancers peuvent être évités en changeant son alimentation.

Goodmix se positionne ainsi comme une entreprise de conseil en alimentation. 2 maître mots sont prônés : pas d’injonction et pas de stigmatisation. Sont pris en compte ce que la personne aime et n’aime pas, son budget, les éléments de sa communauté et son influence.

L’équipe de Goodmix réalise du monitoring. C’est-à-dire qu’elle prend les contenants des personnes et adapte les contenus (vidéos, recettes, conseil sport, préconisation de régime) pour les motiver. Elle exerce une approche méthodologique sur ses prédictions et recommandations. De plus, elle réalise de la prévention nutritionnelle pour contrer certaines maladies telles qu’Alzheimer.

Grâce aux données numériques récupérées, Goodmix peut utiliser des jumeaux numériques. Cela lui permet de faire des « tests » pour voir comment le consommateur peut réagir face à telle ou telle consommation. Les jumeaux numériques apportent une expertise supplémentaire

Cependant, il y a des limites à leur utilisation. On observe une perte de réalité, les représentations ne sont pas fidèle aux jumeaux numériques, le consommateur peut mentir/ embellir la vérité, les règles peuvent être mal explicitées, les experts peuvent ne pas vouloir transmettre toutes leurs connaissances.

Goodmix met aussi en place des projets avec d’autres acteurs du territoire tels que l’INRAE, AgroParistech et les pôles de compétitivité.

Cuure, Hugo Facchin, Co-fondateur & CEO

Cuure, jeune start-up créée en 2019 a présenté son programme de prise de compléments alimentaires. Sa méthode basée sur des informations précises du consommateur et son algorithme permette de proposer un planning alliant consommation et pratique sportive personnalisées.

Le programme démarre avec un premier mois d’essai de prises quotidiennes. Si cela convient au consommateur, il continue un second mois. A l’issue de cette période, Cuure propose de faire un point en superposant l’état de la personne avant et après. Ainsi, on peut savoir si tel produit pour tel consommateur et pour telle problématique fonctionne. En plus de cela, la start-up envoient régulièrement des sondages et des questionnaires pour évaluer la satisfaction du client pendant ce temps d’essai.

Cuure dispose d’une trentaine de références de compléments alimentaires

Le but que se donne Cuure est de permettre au consommateur de se sentir bien, et s’il le veut de l’accompagner dans un changement de régime alimentaire. Selon Hugo Facchin, Cuure propose une expérience 360°.

Cuure souhaite établir des collaborations plus étroites avec les entités de recherche afin d’apporter des préconisations plus précises aux consommateurs

AgroParitech, François Mariotti, professeur de nutrition

François Mariotti constate une dégradation des régimes alimentaires depuis 50 ans, mais avec une nette amélioration ces derniers temps. Le consommateur a du mal à savoir comment consommer.

En réalité, les recommandations nutritionnelles sont assez simples mais il existe une cacophonie dans la société, c’est-à-dire qu’il y a trop d’informations dans tous les sens.

Peut-on avoir un régime durable ? Oui, il existe par exemple les régimes végétalisés.

AgroParistech effectue des recherches plus poussées sur ce sujet, notamment en partenariat avec l’INRAE. Ils explorent les protéines végétales. C’est ce qu’on appelle la végétalisation.

La question pour AgroParistech aujourd’hui est de savoir comment amener les gens (au travers de la communication) vers une consommation plus durable.

François Mariotti attire l’attention sur le fait qu’il ne faut pas s’égarer, ne pas avoir de discours trompeurs, qu’il faut éviter les émissions qui ajoutent du doute. Et enfin, qu’il faut avoir un discours qui soit utile socialement (qui profite au plus grand nombre).

4- Présentation du projet européen Food Pack Lab 2 :

Systematic, Alexandre THOMAS, Coordinateur Enjeu Société

Le projet FoodPackLab 2 a pour objectif de favoriser les innovations multisectorielles et les collaborations internationales dans le domaine de la smart food chain. Il réunit des clusters de différents secteurs (agriculture, agroalimentaire, packaging et deep tech) et des clusters issus de 5 pays européens (Belgique, Danemark, France, Italie et Espagne) pour soutenir l’internationalisation des PME européennes du secteur (marchés Inde et Afrique du Sud) et favoriser la croissance et la collaboration des PME européennes sur le marché européen.

En promouvant les collaboration Deep Tech et Packaging pour l’innovation agri/agro, le projet se veut un liant parmi des acteurs complémentaires d’un même secteur en pleine évolution, afin d’en booster le développement.

Le cadre du projet FoodPackLab 2 s’inscrit dans la continuité de la phase une du projet et le soutien aux PME s’organisera notamment autour d’un panel varies de webinaires thématiques, de préparation et formation aux marchés internationaux visés, de missions à l’international vers l’Inde et l’Afrique du Sud ainsi que de nombreuses activités de suivi et d’accompagnement suite aux missions.

Ces actions amèneront de nouvelles opportunités de collaboration entre entreprises ainsi qu’entre clusters partenaires et correspondants internationaux.

5- Le mot de la fin

Jérémie Prouteau, VP Food de l’Enjeu Société de Systematic & Co-fondateur de DigitalFoodLab

Innover, communiquer et conseiller, voilà les 3 challenges que nous allons devoir relever impérativement :

  • Utiliser l’innovation pour faire évoluer les filières et soutenir les collaborations entre les start-up, les PME, les académiques et les grands groupes.
  • Mieux communiquer auprès du grand public pour démystifier le travail de l’agriculteur et expliquer l’utilité du numérique dans l’agriculture
  • Apporter des conseils aux consommateurs sur leur consommation.

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