L’ange gardien qui détecte les fuites de données sur Internet

Les entreprises échangent des données tous azimuts avec leurs partenaires et prestataires. Des acteurs malveillants en profitent pour dérober et publier sur Internet des données sensibles, sans même que l’entreprise concernée en soit consciente… CybelAngel a inventé un outil pour scanner internet – le web visible et invisible (Dark et Deep web), mais aussi les systèmes de stockage connectés- pour détecter les données volées, et fournir immédiatement un rapport à l’entreprise concernée. Des dizaines de grands groupes se sont abonnés à ce service. Stevan Keraudy, co-fondateur et responsable de la R&D de CybelAngel, raconte l’histoire de cette réussite.

Comment est venue l’idée de s’intéresser aux fuites de données ?

Stevan Keraudy :  En 2012, une fuite massive de données sur des comptes PayPal (un service de paiement en ligne) a été rendue publique. A l’époque, je travaillais dans une grande entreprise de consulting. J’ai eu envie de creuser le sujet, et j’en ai parlé avec mon frère, Erwan Keraudy, qui travaillait dans la finance, ainsi qu’avec son ami d’enfance, Matthieu Finiasz, qui était chercheur en cryptographie à Berkeley – les deux autres futurs co-fondateurs de CybelAngel. Notre constat a été qu’il existait des sites sur internet qui publiaient des données volées aux entreprises, sans même que ces dernières s’en aperçoivent ! C’est là que j’ai eu l’idée de développer un « scanner » pour repérer et identifier des données volées, sur le web et sur d’autres couches moins visibles d’internet.

C’était une démarche très innovante ?

En fait, il n’existait aucun outil sur le marché pour faire ça. Ce qui était très original, c’était de se focaliser sur la circulation des données à l’extérieur, alors que jusqu’ici la sécurisation des données se limitait au périmètre de l’entreprise. Sur le plan technologique, notre outil relève bien plus des méthodes du Big Data que des techniques de sécurité informatique.

Du coup, il a fallu convaincre les entreprises de l’intérêt de ce nouveau service…

J’avais développé un premier prototype de robot pour scanner internet, et on est allé démarcher les grandes entreprises. Au départ, cela n’était pas facile… Le déclic est venu quand un premier grand compte s’est dit prêt à signer un contrat avec nous. C’est seulement à ce moment-là, en 2013, que l’on a créé l’entreprise CybelAngel… pour pouvoir encaisser notre premier chèque ! Démarrer une start-up avec un contrat, c’est appréciable…

Des dizaines de grands groupes sont devenus vos clients : sur quoi repose cette réussite ?

Le vol de données sensibles sur internet était une menace ignorée, mais avec les nombreuses affaires de fuites divulguées ces dernières années, la prise de conscience est générale, au moins dans les grandes entreprises. Nous leur proposons, sous forme d’un abonnement annuel, d’identifier les fuites de données qui les concernent. Chaque incident est analysé par un de nos experts, et donne lieu à un rapport, envoyé via une plateforme sécurisée. L’intervention d’un analyste est un point essentiel de notre offre, car elle permet d’éliminer toute fausse alerte. Nous avons aujourd’hui 26 clients en France, et 10 clients à l’international (dont 5 aux Etats-Unis). 100% de nos clients renouvellent leur abonnement…

Comment voyez-vous CybelAngel dans 2 ans, dans 5 ans… dans 10 ans ?

Aujourd’hui CybelAngel compte 60 collaborateurs. Nous devrions être 160 à la fin de 2019, dont 50 aux Etats-Unis. La création de notre filiale aux Etats-Unis, en 2018, est une étape déterminante, car le marché potentiel y est énorme, y compris auprès d’entreprises de taille moyenne. A plus long terme, notre ambition, en gardant notre avance technologique, est d’être un leader mondial de la protection du patrimoine informationnel des entreprises. Par ailleurs, nous réfléchissons déjà à d’autres applications possibles des technologies de Big Data mises en œuvre dans notre scanner d’internet. Tout cela passera forcément par de nouvelles ressources financières, mais notre souhait est de rester une société française.

Un conseil pour une start-up ?

Soyez attentif au recrutement de vos collaborateurs : c’est un élément essentiel de la réussite du projet. Et veillez à créer une forte culture d’entreprise, qui les incitera à rester.

Plus d’informations

Visitez le site internet de CybelAngel

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